Nathalie Boutiau est l’auteure de “La porte du silence“, un récit relatant l’histoire de Guillaume, enfant autiste. Le livre est illustré par des artistes avec autisme, en inclusion avec d’autres illustrateurs.
Guillaume est un enfant fascinant. Autiste, il ne fait rien comme les autres et ça surprend car ses repères ne sont pas les nôtres. Malheureusement pour lui, une distraction, une fenêtre, et c’est l’accident fatal qui lui prend la vie.
Comment écrire sur ce drame absolu ?
Comment retranscrire avec pudeur ce chagrin immense pour les proches ? Comment relater la vie et l’expérience d’un enfant autiste ?
Nous sommes allés voir Nathalie Boutiau, auteure, qui a bien voulu répondre à nos questions, et nous présenter son livre.
Cette vidéo contient des sous-titres pour malentendants. 🦻 (retranscription au bas de cet article)
>>> https://youtu.be/m7aNlfwQJEU <<<
Illustrations :
Guilbert AMORY, Raphaël LAERMANS et Christophe VAN LIMBERGEN (00:17)
Fredo DELFERRIÈRE et Robert DELHEZ (00:56)
MaYane (01:30)
Thierry CAYMAN (02:01)
Frederic PIRNAY (02:29)
Nathalie Boutiau, “La porte du silence”, Academia, 2021.
Retranscription de la vidéo
Je m’appelle Nathalie Boutiau et je suis l’auteure du livre “La porte du silence”, préfacé par Cinzia Agoni du GAMP.
C’est un récit qui se base sur le témoignage des parents d’un petit enfant autiste. J’ai voulu à travers ce témoignage, parler des difficultés qu’ont les parents au quotidien d’élever un enfant atteint de ce trouble.
C’est un portrait sensible du petit garçon dans son quotidien. Le récit se tourne davantage sur les difficultés des parents à vivre avec leur enfant autiste, à travers le regard des autres, qui sont dans le jugement.
La première partie parle du quotidien de Guillaume. Il y a une vingtaine de chapitres, et chaque chapitre est précédé d’un haïku. Et ce haïku est illustré.
J’ai voulu favoriser l’inclusion de la personne autiste, et donc j’ai demandé à la fois à des personnes autistes et des personnes non-autistes de collaborer à cette illustration. Je voulais que les identités créatrices se croisent, que les regards sur l’autisme se croisent aussi. Et donc, pour cela, j’ai demandé aux résidents du Mistral, qui est ici une institution pour adultes autistes, de collaborer. Le directeur a accepté, la cheffe éducatrice a mis tout en route pour avoir comme résultat une vingtaine d’illustrations, toutes différentes, mais toutes avec un regard particulier sur l’autisme.
Chaque image raconte Guillaume, mais d’une façon intime, personnelle.
Surtout, le rapport que Guillaume avait avec la Nature, avec le Beau, avec tout ce qu’il touchait. J’ai l’impression (par rapport à ce que les parents m’ont raconté), qu’il avait une autre relation avec l’Univers, une autre relation avec les animaux, avec le ciel, avec la terre. Tout ça, je trouve, fait partie du langage poétique. Il pouvait regarder un ciel, il pouvait regarder un oiseau, il observait les chats. Ici, le ton poétique s’imposait pour parler justement de Guillaume, qui ne parlait pas, mais qui avançait sur son chemin avec une certaine grâce, comme s’il conversait avec des anges, avec des fées, tout en restant dans sa bulle. Et donc, quelque part, c’était son langage à lui, qu’on peut interpréter comme un langage poétique.