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Le 2 avril dernier, profitant de la Journée Mondiale de l’Autisme, le gouvernement français a annoncé un assouplissement des règles relatives au confinement pour les personnes handicapées. « Les sorties des personnes autistes, soit seules soit accompagnées, en voiture ou non, ne sont pas limitées à 1 heure. Ni contraintes à 1 km du domicile. Ni régulées dans leur fréquence et leur objet », indique le secrétariat d’État chargé des personnes handicapées, dans son communiqué.
Cette prise de position vise à rassurer les associations, inquiètes du sort réservé aux personnes handicapées atteintes du Covid-19. Dans une tribune à paraître demain dans le Journal du Dimanche, le Collectif handicaps, qui regroupe 48 associations, exprime ses craintes qu’elles ne soient plus admises en réanimation. Notamment dans les zones les plus touchées. La preuve en est ce document de l’Agence régionale de santé, qui stipule que l’admission en réanimation doit être faite en prenant en compte “l’état antérieur du patient“. Selon le document, cela signifie d’évaluer “l’état neurocognitif du patient. Fonctions cognitives normales, peu altérées ou très altérées.“
Beaucoup d’associations s’étaient inquiétées de cette condition comme faisant partie des critères d’admission en réanimation. Olivier Véran, le ministre de la Santé, « pourfend avec la plus grande fermeté » toute tentation de faire du handicap un critère de non admission en réanimation pour les patients atteints du Covid-19.
Pas de fumée sans feu, cependant. Des témoignages affirment que les hôpitaux refusent certains patients. “Ne venez pas à l’hôpital et restez dans votre établissement pour y être soigné“, aurait-on dit. Le problème, c’est que les établissements médico-sociaux n’ont ni la capacité, ni le matériel, ni les compétences pour traiter les cas graves”, a développé M. de Broca, le président du Collectif handicaps, qui regroupe 48 associations. “Certes, les hôpitaux sont submergés mais nous voudrions des directives claires de la part du gouvernement, pour éviter toute discrimination“, a-t-il ajouté. Ces directives sont d’autant plus attendues que, dans les établissements médico-sociaux hébergeant des personnes handicapées, on compte déjà quelques décès – pas encore précisément comptabilisés“.
En Belgique, pas d’assouplissement de ce type. En revanche, la crainte que des personnes handicapées soient refusées des services de réanimation est bien réelle. Ainsi, le CSNPH a publié un récent avis sur le sujet, où il s’inquiète sur la situation concrète des patients handicapés qui n’ont pas nécessairement de problèmes de santé préexistants au COVID-19.
Face à l’augmentation du nombre de patients atteints par le COVID-19 qui se présentent aux urgences, le monde médical pourrait être confronté à la question de la priorité entre les patients. Dès lors, pour le CSNPH, se pose aussi la question de la prise en considération du handicap dans l’appréciation générale de la priorité.
“Nous souhaitons que la politique nous rassure en affirmant expressément que les personnes handicapées ont également droit à tous les soutiens possibles, y compris les interventions vitales.”
Nadia Hadad (membre du conseil d’administration du GRIP)
Le GRIP exhorte la ministre des Affaires sociales, Maggie De Block, à prendre une position claire afin que les personnes handicapées ne soient pas victimes de discrimination lorsque les places pour des interventions vitales se font rares. Une référence aux directives des médecins n’est absolument pas suffisante.
Aller plus loin :
Pour le ministre de la Santé, le handicap ne doit pas constituer un critère de refus de soins