Aujourd’hui, nous célébrons la Journée mondiale de l’enfance. Depuis que la Belgique a signé et ratifié la Convention ONU relative aux Droits de l’Enfant, cette journée est davantage considérée sous l’angle du droit.
Rappelons donc plus particulièrement les droits des enfants en situation de handicap, droits souvent oubliés, même par les organismes de défense des enfants. Il s’agit de droits qui, aujourd’hui encore dans notre pays, et selon les témoignages rapportés par de nombreuses familles, ne sont pas respectés.
Selon l’article 23, concernant plus particulièrement les enfants en situation de handicap :
1. Les Etats parties reconnaissent que les enfants mentalement ou physiquement handicapés doivent mener une vie pleine et décente, dans des conditions qui garantissent leur dignité, favorisent leur autonomie et facilitent leur participation active à la vie de la collectivité.”
Pouvons-nous affirmer que la Belgique respecte cet article ? Non.
Dès la plus jeune enfance, les enfants en situation de handicap sont victimes de discriminations dans l’accès aux crèches et à un enseignement de qualité. Les exclusions ou refus d’admission sont nombreux en raison du handicap de l’enfant et du manque de formation des intervenants.
Pour ce qui est de l’article 24, l’accès à la santé est particulièrement compliqué pour les enfant handicapés. Un exemple flagrant de discrimination est le non remboursement des séances de logopédie pour les enfants autistes ou ayant un QI inférieur à la norme. De même pour les séances de kiné pour les enfant avec une infirmité motrice cérébrale. Pour les enfants autistes en particulier, n’est pas prévu le remboursements de programmes de stimulation précoce et intensive, ni des thérapies comportementales qui permettraient de réduire fortement le niveau de handicap et contribueraient à une plus grande autonomie de l’enfant et puis de l’adulte tout au long de sa vie.
L’article 28 qui garantit l’accès à l’éducation et à un enseignement de qualité est tout simplement bafoué. Les enfants handicapés sont pour la plupart exclus des services et écoles ordinaires et relégués dans des écoles spécialisées dès qu’ils présentent une différence ou un retard de développement. Mais sous le couvert d’une éducation adaptée, la réalité est bien différente de celle vantée : l’école spécialisée manque de moyens et ressources appropriées. Les formations spécifiques au handicap et aux différents types de handicap sont rares, non inscrites dans les programmes officiels de formation des enseignants et surtout non obligatoires au sein des écoles spécialisées. De ce fait, l’enseignement spécialisé peut devenir dans certains cas une garderie tout au plus bienveillante. On note ainsi une grande disparité entre les écoles, en fonction des directions et des moyens mis à la disposition des enseignants. Ainsi, s’ajoute à la discrimination d’une école non inclusive, celle d’une école non réellement adaptée aux besoins des enfants en situation de handicap.
Autres articles non respectés
Articles 3 et 4 : l’intérêt supérieur de l’enfant ne prime toujours pas dans les différentes institutions de notre pays, qu’il s’agisse d’écoles ou de services. Les enfants handicapés sont régulièrement exclus de ces services en raison de leur handicap et soumis à des nombreuses discriminations, régulièrement dénoncées aux associations et auprès d’UNIA. L’État belge et ses communautés et régions ne respecte pas ses engagements.
Article 12 : l’opinion de l’enfant en situation de handicap, surtout lorsque le handicap est mental, n’est généralement pas entendue et peu de mesures sont prises pour qu’elle puisse s’exprimer au mieux de son potentiel.
Article 18 : du fait de leur handicap, de nombreux enfants ne bénéficient pas de services et garderies, notamment après l’école, permettant aux parents d’élever leurs enfants dans les meilleures conditions tout en travaillant. des nombreuses mères ne peuvent pas ou doivent arrêter de travailler avec à la clé une paupérisation du ménage.
Article 27 : un niveau de vie suffisant n’est pas garanti aux enfants handicapés, plus particulièrement lorsque l’aidant proche, généralement la mère, ne peut travailler pour subvenir à ses besoins afin de s’occuper de son enfant. Les familles monoparentales avec un enfant handicapé à charge sont dès lors sont encore plus fragilisées que les autres.
Article 31 : le droit au repos et aux loisirs pour un enfant handicapé est aussi peu respecté du fait des nombreuses discriminations à l’accès aux services de loisirs, répit, sports, plaines de jeux et colonies de vacances ordinaires. Notre pays manque cruellement d’un esprit inclusif et il ségrège les enfants handicapés dans des services spécifiques, à l’écart de la société.
Pour conclure, nous souhaiterions que cette Journée mondiale de l’Enfance soit aussi une journée pour leurs droits. Notre société ne permet toujours pas l’inclusion pleine et entière de tous les enfants, et il y subsiste encore de grandes discriminations.
Car il n’y aura pas de pleine inclusion tant que les droits de tous les enfants ne soient respectés !