“On n’a pas envie de faire ce cadastre. Il y a un manque de volonté politique.”
Il y a un an, pour le reportage “Notre confinement perpétuel“, Rudy Vervoort s’engageait à lancer un cadastre des personnes handicapées à Bruxelles, revendication que nous avons depuis, au moins, 2013.
Un tel cadastre permettrait d’estimer les besoins des personnes handicapées en Belgique francophone, de préparer des plans pour la grande dépendance, pour l’autisme, mais le manque de données constitue un obstacle à l’élaboration de politiques ciblées à l’égard du handicap. Sept ans après la condamnation de la COCOF, le SPF nous indique qu’il y aurait 35.161 allocataires en situation de grande dépendance.
(6.935 pour Bruxelles et 28.226 pour la Wallonie).
Une étude est lancée, mais les premiers résultats sont attendus pour, au plus tôt, 2023… Cinzia Agoni, porte-parole du GAMP et maman d’un adulte à besoins spécifiques, s’exprime. “Le temps des politiques n’est pas le temps des parents !“
D’autant plus que le cadastre n’est que la première avant une série de mesures à prendre. Combien de temps les familles devront-elles encore attendre ? Combien d’élections encore ? La situation est urgente et il n’est plus permis aux parents d’attendre plus longtemps.
Les parents d’enfants avec handicap ont payé cher le prix de la crise. Confinés ? Ils l’étaient déjà avant l’arrivée du virus. Il a fallu des campagnes médiatiques sur les réseaux sociaux pour se faire entendre, sans la possibilité de se mobiliser.
La réalité : ce sont des femmes qui doivent arrêter de travailler pour s’occuper de leur enfant, ce sont des couples qui ne tiennent pas, de la précarité. Il serait vraiment temps que le handicap devienne une priorité politique !
Que répondre aux parents dans l’angoisse parce que leur enfant handicapé n’a pas de solution pour la rentrée ? Parce que l’école ne veut plus de lui, parce que les centres sont saturés, parce que l’inclusion du handicap est un parcours du combattant, parce que l’accessibilité au logement, au travail, à l’espace public, ou simplement à une vie digne, est rarement garantie, parce que la société se ferme au nom d’un validisme et d’une ségrégation qui ne dit pas son nom.