Bien que son dépistage précoce soit une nécessité absolue pour éviter le surhandicap à l’âge adulte, l’autisme est très souvent diagnostiqué tard. Alors qu’il devrait idéalement être posé entre 2 et 3 ans, le diagnostic de l’autisme se fait en moyenne à l’âge de 6,8 ans. Mais pourquoi une telle différence entre les attentes du diagnostic et la réalité du dépistage ?
Les troubles du spectre autistique (TSA) sont parfois difficiles à distinguer d’autres troubles. “La plupart des symptômes de l’autisme, comportementaux comme cognitifs, se chevauchent significativement avec un large éventail de troubles psychiatriques, neurologiques et organiques ou somatiques“. La difficulté réside dans le fait que les comorbidités associées peuvent faire varier l’expression des troubles autistiques et potentiellement induire de la confusion. C’est précisément en raison de cette complexité que l’évaluation clinique des TSA est longue et doit être réalisée par un clinicien spécialisé.
Il est cependant nécessaire pour les parents de pouvoir orienter leur enfant vers un Centre de Référence Autisme (CRA) et lancer une procédure de dépistage. Mais obtenir un diagnostic est un véritable chemin de croix : longues files d’attente dans les CRA (aux dernières nouvelles, le CRA de Liège annonçait 16 années d’attente pour un diagnostic d’adulte), méconnaissance des TSA par les professionnels de la santé ou de l’enfance, déni face au handicap, coût moral ou financier trop élevé, etc.
Alors qu’il devrait idéalement être posé entre 2 et 3 ans, le diagnostic de l’autisme se fait en moyenne à l’âge de 6,8 ans. (chiffres pour la province de Namur, page 11).
C’est pourquoi des instruments de dépistage sont élaborés avec plus ou moins de sérieux depuis les années 1990. Ils ont pour but d’aider à l’identification des individus pour qui l’on soupçonnerait un TSA.
L’objectif de cet article n’est pas de dresser une liste exhaustive des tests de diagnostics possibles, mais plutôt de présenter deux tests permettant aux parents ou proches d’un enfant différent de préciser leurs doutes quant à d’éventuels TSA.
Le questionnaire M-CHAT
>>> Consultez le questionnaire M-CHAT <<<
Le Modified Checklist for Autism in Toddlers (M-CHAT) est un test permettant de détecter les premiers signes de l’autisme chez les enfants âgés de 16 à 30 mois. Il compte des questions qui testent plusieurs domaines de développement, y compris le développement moteur.
Le M-CHAT s’adresse aux parents qui effectuent les observations et notent les réponses aux questions. Il est surtout utile pour indiquer aux parents un risque d’autisme pour leur enfant. Le M-CHAT n’est cependant pas conçu pour être interprété par des parents. Seule une équipe spécialisée pluridisciplinaire est apte à poser un diagnostic.
Le désavantage du M-CHAT est qu’il n’est pas fiable à 100%. Il permet d’indiquer des signes d’alerte permettant de diriger l’enfant vers un diagnostic d’autisme, mais ne constitue pas un outil de diagnostic valide.
Quelques items du M-CHAT :
- Est-ce que votre enfant vous apporte régulièrement des objets pour vous montrer quelque chose ? (Oui – Non)
- Est-ce que votre enfant sourit en réponse à votre visage ou à votre sourire ?
- Est-ce que votre enfant observe votre visage pour vérifier votre réaction quand il est face à une situation inhabituelle ?
- Etc.
Vineland
>>> Consultez le questionnaire Vineland <<<
Le Vineland est un test comportemental comportant plus de 200 questions.
Le Vineland est en revanche moins pratique pour le diagnostic d’adultes présentant un autisme sans déficience intellectuelle. Il se base cependant, tout comme le M-CHAT, sur l’observation de comportements que l’entourage peut observer et mesurer.
Quelques items du Vineland :
- Utilise une gomme sans déchirer le papier. (Oui, toujours – Oui, quelques fois – Non, jamais)
- Réagit en parlant de façon positive quand il arrive quelque chose d’heureux aux autres.
- Montre qu’il s’attend à être nourri en voyant un biberon, le sein ou de la nourriture.
- Etc.
Pour rappel, il est essentiel pour les parents de pouvoir dépister au plus vite les premières manifestations d’un TSA chez leur enfant, mais le diagnostic et l’interprétation du résultat de ces tests doit toujours être encadré par un ou plusieurs professionnels.
Nous vous proposerons, dans un prochain article, d’autres tests diagnostics destinés, cette fois, aux adultes. L’objectif n’étant pas ici de pousser à l’auto-diagnostic, mais de proposer une piste de réflexion sur la manière de diagnostiquer ou dépister l’autisme, et aux différents biais auxquels ces tests peuvent mener.
