Après sept ans d’attente, les nouvelles générations de consoles débarquent ce mois-ci avec la PlayStation 5 et les Xbox Series S et X. L’occasion pour nous de poser une question aux différents constructeurs : le jeu vidéo est-il inclusif ? Voici un état des lieux des différentes manettes adaptées proposées par les trois principaux acteurs de l’industrie du jeu vidéo, Sony, Microsoft et Nintendo.
Non, le gaming n’est pas une activité réservée aux joueurs valides. Un grand nombre de personnes handicapées jouent régulièrement aux jeux-vidéos, et ce quelques soit le type de handicap : moteur, physique ou mental. Cette variable implique inévitablement une difficulté pour les développeurs lors de la conception d’une manette adapté au plus grand nombre. Il a fallu attendre 2018 pour voir un acteur majeur de l’industrie du jeu vidéo s’investir dans le Handygaming. Cette année-là, Microsoft lance la Xbox Adaptive Controller, compatible avec la console Xbox, mais aussi avec un PC. “Toutes les fonctions d’une manette sans fil Xbox classique sont également disponibles, comme la connexion sans fil, le Bluetooth, la connectique USB et une prise stéréo 3,5 mm. Elle fonctionne avec une batterie lithium-ion rechargeable par USB type-C ou sur alimentation secteur”, précise le constructeur américain.
Concrètement, il s’agit d’un socle comportant deux énormes boutons, une croix directionnelle, mais aussi des boutons de menu, d’accueil et d’affichage. Sur la tranche, on retrouve plusieurs ports USB et une multitude de connexions qui permettent de brancher des accessoires tels que des boutons « poussoirs » ou des joysticks. L’objectif est donc de faire correspondre des accessoires externes à des touches de la manette Xbox. Grâce à cet appareil, les joueurs en situation de handicap peuvent désormais manœuvrer dans les jeux vidéo à leur convenance. Il aura fallu trois années de développement et un partenariat avec le fabricant suisse Logitech pour que Microsoft puisse enfin proposer cette manette adaptative. Certes, l’invention n’a rien de révolutionnaire. Néanmoins, c’est la première fois qu’un constructeur historique met au point un tel outil.
En ce mois de novembre, c’est au tour de Nintendo de sortir du bois, ou plutôt de l’équipementier japonais Hori qui propose l’Hori Flex. La recette est peu ou prou identique à celle du contrôleur adaptatif de Microsoft puisqu’on retrouve un boitier bardé de connectiques dans lesquelles viennent se brancher les différents accessoires. Ce contrôleur est conçu pour la Nintendo Switch, la console phare de Nintendo, mais fonctionne aussi sur PC grâce à sa compatibilité avec Windows. Seul point noir, le produit est actuellement disponible uniquement au Japon.
For The Players, vraiment ?
Du côté de Sony, ça coince encore. Certes, depuis 2013 et la sortie de la PlayStation 4, les joueurs en situation de handicap peuvent bénéficier de plusieurs options d’accessibilité grâce au logiciel de la console, avec par exemple, la possibilité de faire appel à une synthèse vocale. Le constructeur japonais va encore plus loin avec cette nouvelle génération de console qui permet aux joueurs de personnaliser leur expérience de jeu, en fonction de leurs capacités et leurs besoins. Pourtant, la marque nippone n’a jamais proposé de manette adaptée aux joueurs à mobilité réduite. “C’est le contenu du jeu qui fait l’adaptation. C’est la façon dont le jeu est fait”, nous explique le plus gros fabricant de consoles au monde. Quid de la manette ? “Pour l’instant, il n’y pas de manette adaptée pour la PlayStation”. Quant à savoir si Sony en proposera à l’avenir sur la PlayStation 5, impossible d’obtenir une réponse. Le slogan For The Players (pour les joueurs) que Sony aime tant à répéter depuis plusieurs années semble finalement très relatif. Car si le software de la console propose de belles améliorations en termes d’accessibilité, cela ne réglera jamais les difficultés de préhension rencontrées par certains joueurs lors de la manipulation de la manette. Celle-ci agit comme le relais essentiel qui permet l’interactivité entre le joueur et le jeu en lui-même.
Sans manette adaptée, l’accès aux jeux vidéo reste très compliqué. La majorité des personnes en situation de handicap n’ont dès lors pas de solution : le divertissement vidéoludique leur est interdit par la force des choses. Ce manque de solutions adaptées, nous le remarquons dans le manque de places, de formations ou de structures de répit, mais il semblerait aussi que même le divertissement souffre d’un manque de place pour les personnes handicapées. Nous nous réjouissons des propositions de Nintendo et Xbox, mais restons préoccupés d’apprendre que le plus important constructeur de consoles ait une conception très virtuelle de l’accessibilité.
Collaboration externe
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