[AUTISME] – A propos du suicide des jeunes autistes

Par Irène Knodt, psychologue spécialisée en autisme

Vous avez été nombreux à me demander s’il y avait un risque de suicide pour votre enfant/ado/adulte autiste. Le suicide d’une jeune fille autiste vous a fait peur. Je vais être réaliste dans ma réponse.

Le risque n’est pas plus grand pendant le confinement que pendant l’année normale. Il est clair que le suicide fait partie aussi des familles autistes et que nos jeunes ne sont pas à l’abri. Le confinement n’est pas spécialement difficile pour des autistes car la toute grande majorité n’apprécie pas les contacts sociaux et se retrouvent bien à l’écart.

La plupart des autonomes n’aiment pas communiquer par la parole et sont plus à l’aise par l’écriture donc sont bien dans cette communication Internet. Il y a moins de harcèlement, et de messages négatifs donc pour eux c’est plus agréable que l’école. Il n’y a pas le stress de l’école donc c’est positif pour les plus autonomes (le groupe à risque). La grande majorité se stabilise dans des rituels et ont mis en place des rituels dès le début du confinement. Mais ils sont sensibles à ce que les autres vivent, partagent, donc ils peuvent être nerveux car ils ressentent l’ambiance angoissante de la famille… donc le conseil de base : ne pas écouter la TV à longueur de journée et avant tout éviter la diffusion des fausses informations.

Pour ceux qui ont envie de sortir (marcher), là on se retrouve en difficulté … il faut vraiment veiller à faire un circuit précis, journalier, pour éviter la surcharge émotionnelle… mais on a plus de colères que de dépression. Tous ceux (dépendants) qui ont dû changer et quitter l’école ou l’institution , on a plus de crises de colère que de crises dépressives. Il y a plus de phases dépressives chez ceux qui vivent seuls depuis longtemps et qui sont déjà en souffrance avec dépendance (alcool, drogue, …). Le risque principal : augmenter la dépendance.

Donc restons positifs, il n’y a pas de risque supplémentaire de suicide dans l’autisme. Je rappelle que le suicide se fait lors d’une accumulation de problèmes, il est rarement impulsif dans l’autisme.