Les sourds ne naissent pas muets. Ils ont bel et bien une voix, que certains élèvent pour faire valoir leurs droits et s’intégrer dans la société. C’est le cas de la française Virginie Delalande, sourde profonde de naissance.
Se définissant comme une « handicapée modèle », cette femme non dénuée de rêves et d’ambition s’est battue pour réaliser ses objectifs professionnels en devenant première avocate sourde de France. Nous découvrons son combat au travers du documentaire de Laetitia Moreau, L’éloquence des sourds, qui fut projeté dans le cadre du TEFF. Le film est un portrait retraçant le parcours de Virginie Delalande, mère de famille et conseillère juridique dans une grande société d’assurance. Celle-ci a toujours eu le pied entre ces deux mondes où elle a pu y puiser différentes richesses qu’elle qualifie à la fois d’intellectuelles, et de visuelles et sensibles.
Son parcours d’intégration a véritablement débuté lorsqu’elle a appris à parler : elle articulait, à l’aide de nombreuses séances orthophoniques, des mots dont elle ne percevait réellement que la vibration tout en apprenant la langue des signes en parallèle, à 18 ans. Elle n’a donc jamais entendu sa propre voix.
Evidemment, Virginie est capable de lire sur les lèvres pour communiquer, mais c’est très fatiguant et ce n’est pas comme « lire un livre », précise-t-elle. Dans ce documentaire, nous apprenons qu’il est possible de poser un implant dans l’oreille (cochlée) des individus malentendants qui permet d’améliorer la perception sonore. Celui de l’avocate, ayant été mal placé à l’origine, n’est hélas pas fonctionnel et elle ne souhaite pas réitérer l’expérience, car trop douloureux. Néanmoins, ses enfants, malentendants eux aussi, bénéficient de cet implant et cela facilite considérablement leur intégration au quotidien, c’est une aide non-négligeable, mais pas accessible à tous.
Selon Virginie, les nouvelles technologies facilitent considérablement l’inclusion sociale des personnes handicapées, mais rappelons qu’elles ne pallient pas le manque d’accommodements raisonnables au quotidien.
L’éloquence des sourds rappelle cependant à plusieurs reprises que la surdité peut être vue comme un atout qui dote l’humain d’une sensibilité et d’une perception accrue ainsi que d’un sens de l’écoute. Il ne faut cependant pas oublier que cela reste un handicap, ayant des conséquences parfois très graves sur l’inclusion de la personne dans la société, et donc sur sa santé physique et mentale. L’issue n’est pas toujours heureuse pour tous les individus affectés, et particulièrement pour ceux handicapés par une autre invalidité.
Marie Lefebvre (bénévole)
Pour aller plus loin :
Les associations relatives aux troubles sensoriels en Belgique francophone