Après plusieurs années de combat, les bus et minibus qui conduisent des élèves en situation de handicap à l’école pourront employer les voies réservées aux transports en commun.
En Wallonie, 1.500 enfants en situation de handicap passent plus de trois heures par jour dans un bus scolaire. Ces transports se font généralement dans des conditions de confort et de sécurité plus que précaires. Pour lutter contre cette injustice, plusieurs associations se sont mobilisées depuis 10 ans, et le politique a enfin décidé de nous répondre. Une loi fédérale vient en effet d’être votée permettant aux transports scolaires d’utiliser les sites et voies réservés aux transports en commun.
La proposition de loi avait été déposée par la députée Laurence Zanchetta (PS). “Le développement des transports publics dans les grandes villes est marqué par la multiplication des sites spéciaux franchissables (F18) réservés aux transports en commun. Ces voies permettant une vitesse de déplacement plus rapide qui seraient bénéfiques pour les enfants porteurs de handicaps.“
Pour la députée Delphine Chabbert (PS), qui avait interpellé le gouvernement bruxellois sur la question : “cette proposition va dans le sens d’une société plus inclusive. La société doit se réorganiser pour permettre à chacun d’avoir une place, et non pas leur demander de s’adapter. Il est inadmissible qu’en Belgique, un enfant passe quatre heures par jour dans un bus.”
Le problème réside cependant dans l’éclatement des compétences à travers différents niveaux de pouvoir. Si les transports scolaires relèvent du régional (la Région wallonne ou la COCOF), le code de la route est une compétence fédérale. « La lasagne institutionnelle est un véritable casse-tête », déplore Thibauld Menke, responsable politique du GAMP. “La sixième réforme de l’Etat n’a pas pris en compte la question du handicap. Il y a tellement d’instances de pouvoir à contacter pour un seul problème précis.”
Nous reconnaissons le bien-fondé de ce changement de loi. En pouvant circuler sur les voies réservées aux transports en commun, les véhicules transportant des enfants en situation de handicap gagneront un temps précieux. Pour autant, “cette mesure ne change pas le problème structurel“, pointe Thibauld Menke. “Le matériel roulant est vétuste. Les ceintures de sécurité ne sont pas adaptées. Lorsqu’il y a un accompagnateur en plus du chauffeur, ce qui n’est pas une obligation légale, celui-ci n’est pas formé à la problématique du handicap. Le statut des accompagnateurs est tellement précaire qu’il y a un gros turnover. De plus, si la proposition permet de réduire la durée de trajet dans les villes urbaines, elle devrait avoir un impact limité dans les régions rurales.”
Consultez l’article du journal Le Soir sur le changement de loi