Ce samedi 9 novembre, le GAMP s’est rendu à Namur pour assister à plusieurs séances exceptionnelles dans le cadre de la cinquième édition du TEFF, le festival international du film extraordinaire portant sur le handicap, qui connaît un succès retentissant.
C’est dans la toute nouvelle Maison de la Culture de la ville, le Delta, que Luc Boland, créateur de l’événement, a accueilli chaleureusement un public curieux et passionné venu visionner de véritables curiosités cinématographiques. Pour la première séance, les œuvres projetées avaient toutes pour particularité d’être nées à l’initiative de structures ou de personnes concernées par le handicap et d’avoir été réalisées avec peu de moyens. Ce fut l’occasion pour le GAMP de prendre le pouls des créations vidéos indépendantes du milieu associatif.
La première image sur laquelle s’ouvre cette séance est celle d’un danseur issu des ateliers du Créahm- Bruxelles. Le geste peut, a priori, paraître banal mais il est, en réalité, porteur d’un questionnement relatif au regard d’autrui : privilégier la mobilité d’un artiste handicapé dans notre société actuelle.
Cette réflexion semble être le leitmotiv de ces 9 courts-métrages sélectionnées. En effet, “Mains d’or”, “Face cachée”, “Change ton cœur, pas ma couleur” et “Le Petit monde d’Emilie” imaginent une réalité où le handicap devient, à son tour, la norme. L’exemple illustrant le mieux cette logique est certainement celui de Change ton cœur. Le spectateur y suit le quotidien de Djibril, un jeune sénégalais xénophobe envers des enfants albinos. Du jour au lendemain, la réalité s’inverse et ce sont les albinos qui deviennent la norme. Djibril est alors renvoyé comme étant le véritable handicapé. Une fable ayant pour but de montrer que le regard de l’autre n’efface pas le handicap, mais au contraire l’intensifie. Ici, les albinos servent de métaphore à tout handicap, qu’il soit visible ou invisible. La xénophobie n’aidant ni l’inclusion de ces personnes dans la société, ni leur bien-être, ni le travail pour plus de justice sociale.
C’est aussi l’objet de la vidéo “Anormalement Normale”, de Victoria Bouchet. Découverte sur Youtube, Victoria Bouchet propose la confession poétique d’un jeune femme atteinte d’un handicap invisible. Avec son honnêteté et sa simple webcam, elle souligne un fait important : seuls 3% des handicapés sont en chaise roulante. Personne ne voit le handicap invisible, par définition, pire, on ne croit pas la sincérité des personnes qui le porte. Une réalité mise en avant par le milieu associatif depuis déjà de nombreuses années.
Vincent Abieri